Fanfiction Hijack de Flower-Power

POV Jack

Ouaw je ne pensais pas que je pouvais le faire si spontanément ! D’un autre côté, ça faisait un moment que j'hésitais à lui donner mon numéro… Mais est-ce qu'il n'a pas trouvé ma démarche un peu louche ? Si j’en crois la manière dont il m'a souri, il n'avait pas l'air trop embarrassé, ni même intrigué. Il semblait… ravi. Est-ce c'était ce qu'il espérait, quelque part ? Et quand il parlait d'une prochaine fois, était-il vraiment sérieux ou disait-il cela sur le ton de la plaisanterie ? Je ne sais pas… Je ne sais plus… Tout s'embrouille dans ma tête.
Enfin pour l’instant, je ferais mieux de me dépêcher ou je vais me faire attraper par le patron. Le point positif, c'est que je ne travaille pas à la patinoire cette après-midi. Je vais pouvoir me reposer et glander à la maison !

Un peu plus tard dans la journée…

Ah mon cher canapé et ma bonne vieille télé, vous m'avez manqué ! Il ne manque plus que la pizza et tout est parfait ! Ah zut, mon portable qui sonne… On ne peut jamais être tranquille ici !

« Allo »

« Jack ? C'est moi ! » Au bout du fil, c'est une petite voix joyeuse d'enfant que je reconnaîtrai entre mille…

« Emma ? »
J'ai envie de sauter partout tellement je suis heureux d'entendre ma chère petite sœur !

« Oh ça fait tellement plaisir de t’entendre ! Comment tu vas, ma puce ? »

« Ca va bien mais je m'ennuie sans toi, Jack..»

« Oh tu me manques aussi, ma choupette… Quand est-ce que tu viens me voir ? »

« Justement, je voulais te demander. Est-ce que je peux venir chez toi pendant les vacances de Noël? »

« Mais bien sûr ma chérie ! Aucun problème! Je comptais passer les fêtes tout seul mais je serai très heureux de t’avoir à la maison ! Mais tu as demandé la permission à papa et maman ? »

« Oui, ils sont d'accord ! »

« Même maman ? Elle n’était pas trop inquiète à l'idée de fêter Noël sans toi ? »

« Ben elle avait l'air un peu triste quand elle a dit oui… Mais c'est pas grave, je suis trop contente de pouvoir te voir bientôt !!! »

« Moi aussi ça me fait super plaisir ! Tu n'oublieras pas de me donner ta liste de cadeaux, hein ? Sinon je ne saurai pas quoi t’offrir ! »

« Alors toi non plus, oublie pas la tienne ! Pas comme la dernière fois ! Sinon t'auras pas de cadeaux du tout cette année ! »
Nous éclatons de rire d'une seule voix !

« Ah au fait » repris-je « N'oublie pas de prendre tes patins ! Comme ça on ira faire un petit tour à la patinoire où je travaille ! Et peut-être même sur le lac gelé, si la couche de glace est assez épaisse !»

« Oh chouette !!! Ça va être trop génial !! »

« Bon alors maintenant, je veux que tu me racontes tout ! Comment ça va à l'école? »

« Euh… rien de spécial, Jack. »
Mmh… Elle semble hésiter, c’est louche…

« Tu es sûre? J'ai l'impression qu'il y a quelque chose que tu ne me dis pas… »

« Euh… Mais non je t'assure, y a vraiment rien de spécial. »
Décidément cette fille ne sait pas mentir, même au téléphone!

« Emma…? »

« … »

« Oh allez, Emma ! Tu sais que tu peux tout me dire ! »

« … Tu me promets que tu ne le diras à personne ? »

« Promis ma puce ! »

« Ben il y a un garçon à l’école qui est sympa et je l'aime bien… »
Oooooooh c'est tellement mignon, ma petite sœur est amoureuse !!!

« C'est vrai ça ? »

« Oui… »

« Mais c'est génial ma chérie, je suis super content pour toi ! Alors, comment il est ? »

« Ben déjà il est trop beau ! »

Je réprime un petit rire attendri.

« Et dis-moi, en plus d’être beau, est-ce qu’il est sympa au moins ? Tu as déjà discuté un peu avec lui ? »

« Oui on parle un peu des fois et on rigole beaucoup, surtout en classe… Il est trop drôle, aussi drôle que toi ! Une fois, on a tellement rigolé que la maîtresse nous a fait sortir de la classe. Et puis des fois à la récré, il vient vers moi et il me donne un bout de son goûter… »

« Ah effectivement il a l’air vraiment sympa ! Et est-ce que tu lui as dit que tu l’aimais bien ? »

« Ah bah non alors ! T’es fou ou quoi ? »

Un rire m’échappe à nouveau mais je me reprends bien vite.

« Mais pourquoi ma chérie ? »

« J'ai trop peur qu'il ne m'aime pas… »

« Tu sais, si tu ne lui poses pas la question, tu ne le sauras jamais ! »

« Mais j'ai peur quand même… »

« Je comprends ma belle mais si tu veux vraiment savoir ce qu'il pense de toi, il faut lui en parler et lui demander ce qu’il ressent pour toi ! »

« Non, j'ose pas… »

« Bon ben fait comme tu veux, mais tu ne pourras pas dire que je ne t'ai pas donné de conseils ! »

« Oui bon… Et toi Jack, alors ? Est-ce t’as rencontré un garçon que tu trouves sympa et que tu aimes bien… ? »

Bizarrement la première chose qui me vient en tête à ce moment-là, c'est le visage d’Hiccup. Après tout, je l’ai rencontré récemment et je l’aime bien… Mais évitons de lui en parler. Telle que je la connais, elle va se faire de fausses idées et s’imaginer des trucs pas possibles...

« Eh non, malheureusement pas… »

« Oh dommage… Quand est-ce que tu vas enfin rencontrer un garçon bien ?»

« Ah ça je n'en sais rien mais si tu en connais un ou deux qui pourraient m’intéresser, fais-moi signe! »

Nous éclatons à nouveau de rire. Nous continuons à discuter de tout et de rien jusqu’à ce que j'entende ma mère au bout du fil crier à ma sœur de raccrocher.

«Désolé Jack, je dois y aller…»

« Ok ma princesse ! Allez dépêche-toi avant que ta mère ne s'énerve ! » Répliquais-je en riant.

« Hihihi ! Je t'aime très fort Jack! »

« Moi aussi je t'aime Emma ! Je te fais des gros bisous! »

« Gros bisous mon grand frère adoré ! » Puis elle raccroche.

Elle est si gentille et si compréhensive ! Et elle me fait tellement rire à toujours vouloir essayer de me caser ! Un vraie mère-poule, pire que ma mère ! Dès qu’elle a appris que j’étais gay, une sorte d’instinct maternel ultra-précoce s’est réveillé chez elle et elle s’est mis en tête de me trouver un copain à tout prix. À tel point qu’elle en devenait parano ! Chaque fois qu'elle me voyait en train de parler avec un mec, elle était persuadée que c'était mon petit-copain ! C’était un peu saoulant par moment mais au moins, c’était une preuve qu’elle acceptait très bien la situation ! Ce qui n’a pas été le cas de tout le monde…

Mes parents les premiers. Un soir, j’ai finalement pris mon courage à deux mains. J’avais longuement réfléchis auparavant à comment le leur dire, quels mots j’emploierais. Après le repas du soir, Je les ai pris à part dans le salon et leur ai annoncé la nouvelle. C’est surtout moi qui ai parlé. Eux sont restés silencieux un bon moment, m’écoutant attentivement et hochant la tête de temps à autre. Ils ne m'ont pas fait de remarques, juste posé quelques questions dont une qui est revenue plusieurs fois : est-ce que j'étais sûr de moi, de ce que je ressentais ? Pour moi, il était évident que j'étais sûr et bien que pour mes géniteurs, la pilule avait du mal à passer, je suis parvenu, au prix d’une longue discussion, à leur faire comprendre ce que je vivais ! Suite à cela, ils sont venus s'assoir à côté de moi et m'ont pris dans leur bras. Ils ont ajouté que pour eux, le plus important, c'est que je sois heureux, peu importe que ce soit avec un homme ou une femme. Malgré ces belles paroles pleines de bienveillance, je voyais dans leurs yeux de la tristesse et un peu de déception. Surtout ma mère qui avait du mal à retenir ses larmes. Elle a fini par m'avouer qu'elle aurait tellement aimé me voir avec une femme et des enfants. J'étais assez mal de voir ma mère dans cet état. Je m'en voulais de la rendre si triste.

Je me suis alors réfugié dans ma chambre pour pleurer. J’étais certes soulagé d’un poids mais un autre avait pris sa place. Celui de la culpabilité. Je suis resté cloitré dans mon antre de solitude un bon moment quand j'ai entendu des petits coups à ma porte. Trois coups rapides suivis de deux coups longs… Il n'y a qu'une personne qui frappe de cette manière, c'est un peu notre mot de passe commun. Ma petite sœur chérie est entrée, a grimpé sur le lit et m’a pris dans ses bras. Elle m'a chuchoté à l’oreille qu'elle s’était cachée dans la cage d'escalier et qu'elle avait tout entendu. Puis elle a ajouté :

« Ne t'en fais pas, ça va aller. Et peu importe de qui tu es amoureux, ça change rien. Tu es toujours mon grand frère chéri. »

Ça me faisait tellement de bien d’entendre cela. Nous sommes restés enlacés comme ça sur le bord de mon lit pendant je ne sais combien de temps. Je sanglotais déjà moins, sa présence était si apaisante. Nous avons passé le reste de la soirée et une bonne partie de la nuit à parler et à rigoler, comme si tout était normal. J’ai d’ailleurs toujours été étonné qu’elle se montre aussi compréhensive immédiatement, contrairement à mes parents qui ont mis un peu plus de temps à digérer. Cependant selon ses dires, elle a été assez surprise dans un premier temps. Il faut dire qu’à cette époque, je ramenais beaucoup de petites-copines à la maison, dont Tooth qui était mon amie d'enfance.

Non content d’être bien entouré, j’étais dans une période assez trouble de ma vie où je me posais de plus en plus de question sur moi, mon identité ainsi que sur mon orientation sexuelle. Depuis le début de mon adolescence, j’avais beaucoup de soupirantes autour de moi. Toutes plus cruches les unes que les autres, certes, mais assez jolies dans l’ensemble. Beaucoup de mecs me jalousaient, d’ailleurs. Années après années, ce phénomène prenait de l’ampleur et une fois au lycée, j’étais presque harcelé par toutes ces jeunes demoiselles en manque cruel d’amour. Comme la situation n’était pas désagréable en soi et que j’aimais jouer les Don Juan, j’en ai profité un maximum. Je suis sorti avec toutes les filles qui me tournaient autour, les unes après les autres. Mais en réalité, je me fichais pas mal de ses filles. Je n'éprouvais pas d'affection particulière pour elles et me foutais de leurs sentiments.
Parallèlement, je ne représentais rien non plus pour ces mêmes filles. Pour la plupart, je savais qu’elles n’étaient pas réellement amoureuses de moi, même si elles le niaient en bloc. Je n’étais qu’un trophée prestigieux à remporter, le mec populaire avec qui il fallait sortir avec au moins une fois pour avoir un peu de notoriété. De plus, cela leur apporteraient un peu de prestige à leur maigre tableau de chasse.

Oui c’était parfaitement débile et j'en étais conscient. Et même si au début ça ne me posait pas plus de problèmes que cela, j’ai vite déchanté car au final, ce petit jeu ne me rendait pas heureux.
Je pensais prendre du bon temps mais en fait je m’ennuyais sévèrement. Je me lassais de ces filles de plus en plus vite. Mais ce n’était rien comparer à ce qui s’est passé un peu plus tard dans l’année… Il s’est produit quelque chose qui a changé ma vie à jamais… Je suis tombé amoureux d’un garçon…

Il était dans le même lycée que moi, en dernière année donc plus âgé que moi mais d'une beauté sans pareil ! J’ai eu littéralement le coup de foudre pour lui. À la seconde où je l’ai vu, j’ai succombé… Je ne pouvais plus détacher mes yeux de cette sublime créature. Chaque jour, je trouvais le moyen de l'observer en cachette. J'en rêvais presque chaque nuit, il me hantait. Un soir, je l'ai même suivi jusque chez lui pour voir où il habitait. Mais je n'ai jamais osé ne serait-ce que lui dire un mot. Même pas un bonjour. Il m'aurait grillé tout de suite ainsi que les autres aux alentour puisque je devenais rouge comme une tomate dès que je le voyais. J'aurai surement bégayé en plus de ça ! Une vraie gonzesse ! Et de toute façon, il aura été impossible d'avoir un moment d'intimité avec lui étant donné qu'il était toujours avec sa bande de potes, dont sa copine qui le dévorait des yeux sans arrêt et l'embrassais toute les dix secondes et si possible devant le plus de monde. Je haïssais cette nana ! J'aurai donné n'importe quoi pour pouvoir être à sa place ! Elle ne le méritait pas ! Mais que pouvais-je faire ? Il ne savait même pas que j'existais. Je faisais tout pour être invisible à ses yeux et je suis plutôt doué dans l'art du camouflage. Mais ces détails n’étaient que la surface du problème…

Dans les jours qui ont suivis la venue de ces sentiments nouveaux, j’ai fait le point sur ma situation et j’en suis venue à cette terrible conclusion : Je n’étais vraiment pas attiré par ces filles, ni même par les femmes en général. Depuis tout ce temps, je me mentais à moi-même sur ce que j’étais. À la suite de ce constat, j’étais effrayé et en colère à la fois. Si bien que j’ai d'abord refusé d'y croire. Moi le Casanova du lycée, un gay refoulé ? C’est impossible ! Quel honte cela serai en plus ! Mon honneur et ma virilité en prendrait un coup ! Je faisais donc tout pour ne rien changer à mes habitudes. Mais au fur et à mesure que les jours passaient, je m’enfonçais dans une spirale infernale. Je jouais au mec hétéro, le bras prit par une énième conquête essayant de paraître épanoui et heureux alors que je sentais mon cœur s’emballer à la vue de l’objet de mon affection. Dès qu’il entrait dans mon champ de vision, je sentais le rouge me monter aux joues, mes sens s’affoler et une chaleur envahir mon corps. Plus je tentais de le fuir et de le chasser de mon esprit, plus j’étais fou d’amour et de désir pour lui.

J’étais coincé. Je n’avais jamais ressenti une chose pareille auparavant. Encore moins pour une personne du même sexe. Pire, d’un hétéro, donc inaccessible. J’étais d’autant plus frustré car ma réputation de serial lover me collait toujours aux basques. J'étais devenu en quelque sorte prisonnier de moi-même et cela me rendais profondément malheureux. J’ai supporté cela pendant toute une année. Puis il est parti à l’université et je ne l’ai jamais revu. Les années suivantes, les filles s’intéressaient moins à moi, vu qu’elles avaient presque toutes testé la marchandise donc, je n’avais plus d’intérêt. Quelques-unes sont revenues à la charge mais je les refusais le plus galamment possible. Petit à petit, je redevenais un anonyme, un garçon comme les autres. Je ne devais plus rien à personne. Pour autant, je n’ai pas fait mon coming out tout de suite, j’avais trop peur d’être maltraité, insulté pendant les 3 ans qu’ils me restaient à vivre dans ce cycle. Ce n’est qu’après le lycée que j’ai commencé à assumer ce que j’étais. J’ai eu quelques copains, ce qui m’a donné un peu plus d’expérience et même si cela n’a pas duré, j’en garde de très bons souvenirs. Je pouvais enfin être moi-même, donc heureux et épanoui.

Pour autant, cette première année de deuxième cycle reste gravé dans ma mémoire comme une période sombre et dont je ne suis pas fier. Je n’ai osé en parler à personne de cette histoire. Pas même à mes parents, ni à ma sœur, ou du moins pas en détail.

Seule Tooth la connaît, dans ses moindres détails. C’est à elle que je me suis confié en tout premier. Elle a été adorable avec moi et m'a beaucoup soutenue. Comme une deuxième sœur. Elle ne m'en a jamais voulu de l'avoir quittée pour aller jouer les Don Juan. Elle m'a avoué qu'elle se doutait que quelque chose n'allait pas, que je ne me comportais pas comme d'habitude. Ce n'était pas mon genre de m'abaisser à ce genre de bêtises et elle avait raison. Elle était triste pour moi, elle voyait que je n'étais pas épanoui mais elle n'a pas osé venir m'en parler. Et quand je lui ai révélé mon homosexualité, elle n'a même pas été étonnée. Selon ses dires, elle avait remarqué mon air blasé au bras de toutes les idiotes superficielles, contrairement aux regards brûlants que je lançais « discrètement » au garçon que j’aimais… Ce jour-là je me suis senti comme libéré, délivré d'un poids qui pesait sur mon cœur. Elle est devenue ma confidente attitrée ! Un peu plus tard, je venais même lui demander des conseils de drague ! Nous sommes devenus plus proches qu'avant.

Et si aujourd'hui, je l'appelle par des petits noms gentils, si je la prends dans mes bras, ou d'autres gestes et attitudes qui peuvent porter à confusion, c'est plus comme une marque d'affection. De toute façon, nous savons que ça n’ira pas plus loin. Elle est avant tout une amie de longue date bien qu’elle ait aussi été une petite amie formidable ! Je ne nie pas les sentiments amoureux que j’ai eu pour elle car ils étaient sincères mais aujourd’hui, ce n’est plus pareil. Nous en sommes tous les deux conscients et cela nous convient très bien. Et puis franchement, elle mérite mieux que moi comme mec. Je sais qu'elle trouvera quelqu’un de bien ! D'ailleurs, je pense avoir trouvé un bon candidat. Aster, le videur du « Night's Guardian » a l'air de beaucoup l'apprécier. Quand il vient prendre sa pause au comptoir, il n'arrête de lui jeter des regards en coin… Il est même venu la défendre plusieurs fois quand des clients devenaient un peu trop lourds ou entreprenants avec elle. Mais ce grand balèze australien est trop timide et trop fier pour mettre son cœur à nu devant une femme. Quant à Tooth, elle n'a encore rien remarqué. Je sens que je vais devoir jouer les Cupidons pour ces deux-là !...

Je suis suuuuuper désolée mais je l'ai pas encore fini... Je suis même très loin d'avoir fini car j'ai juste lu les 3 premières pages et je m'y suis pas replongé depuis. J'étais aussi pas mal occuper avec le boulot à ce moment-là... Mais je vais prendre un jour mon courage à deux main et continuer de la lire. Déjà je peux te dire que j'aime bien ton style d’écriture et que je reconnais bien ton humour ! Ce n'est pas si différent de ce que tu écris dans tes reviews et ça, c'est cool !

POV Hiccup

Ouf, enfin la fin de journée ! J’ai cru que je n’en verrais jamais le bout ! Mais qu'est-ce que j'aime mon boulot ! Mes élèves sont gentils comme tout et les trois chevaux dont j'ai la charge sont sympas dans l'ensemble. Bon, Hookfang a son petit caractère mais il devrait s'adoucir avec le temps, quand on se connaîtra mieux.
Mon Toothless quant à lui, est en pleine forme et j'ai l'impression qu'il commence à se faire des amis. Tout à l’heure en allant le chercher au pré, je le voyais jouer avec deux de ses congénères, ils galopaient et se taquinaient comme des poulains ! C’était rigolo ! J’aime le voir heureux comme ça, ça me rend heureux aussi !

En rentrant dans ma chambre, la fenêtre située juste en face de moi laisse passer les rayons du soleil couchant. Ils inondent la pièce d’une lumière orangée et chaude. Je m’approche alors de la vitre, fasciné par le spectacle qui s’offre à moi de l’autre côté du cadran de verre. L’astre solaire descend lentement et inexorablement vers les vertes collines qui entourent Burgess. Il disparait quelques instants derrière les quelques petits nuages puis réapparait pour continuer sa lente descente afin de bientôt laisser place à sa sœur lunaire dans sa robe bleu nuit… C'est juste magnifique…
Tout cela me donne envie de dessiner un peu. Je m'empare de mon cahier noir, d'un crayon et m’installe à mon bureau, placé juste devant le cadre vitré. J’aimerais pouvoir reproduire ce spectacle coloré qui se déroule devant mes yeux mais malheureusement, je manque de crayons de couleurs. Mais que pourrais-je bien dessiner d’autre ? Des chevaux ? Non, j'en ai trop fait. Des dragons ? Pareil. Bien que j'adore ces créatures. Jack ?...
Eh quoi ?! Dessiner Jack ? Pourquoi je pense à lui subitement ?... Oh et puis après tout, pourquoi pas ?

Je ferme les yeux et me concentre. Je tente de visualiser chaque détail en commençant par le visage. Une forme plutôt fine, des traits délicats, une folle chevelure couleur chocolat dont les nombreuses mèches coiffées en pointes défient les lois de la gravité. Ça y est, je sens que l’inspiration vient. Ma main cours sur la page en suivant ce portrait mental de mon ami. Je vois son joli petit nez en trompette, saupoudré de quelques petites taches de rousseur. Et sa bouche. Ses lèvres ne sont certes pas bien épaisses, ce qui lui donne un côté sévère. Mais lorsqu’il sourit, il dévoile avec souvent un rictus plein de malice, de magnifiques dents blanches comme de la neige qui vient juste de tomber… Son sourire est aussi envoûtant que son regard… Tiens d'ailleurs continuons avec ses yeux… De grands yeux en amande, des cils longs et gracieux, des pupilles semblables à deux petites taches d'encre noire perdues dans le bleu glacial de ses iris… C’est comme s’il était là, devant moi. Je me sens comme hypnotisé, happé par tant de beauté… Tout en lui n'est que perfection et charme… J'ai envie de m'approcher encore plus pour l'observer, encore plus près, toujours plus près… Je pourrais presque toucher ses lèvres du bout des miennes…

Puis j'ouvre brusquement les yeux. Je réalise alors que je suis en train d'embrasser mon dessin inachevé… Par Thor, mais qu'est ce qui vient de m'arriver ? Est-ce que je viens de rêver que j'embrassais Jack, mon ami ? Est-ce que je viens de rêver que j'embrassais un garçon ??? Et merde merde merde !!! Qu'est ce qui m'arrive ? Je suis un mec pourtant, je ne devrai pas rêver à ce genre de chose !!! Je ne crois pas savoir que je sois de ce bord-là… Non, c'est impossible… Il faut que je me change les idées, que j’aille prendre l'aire…

Je marche complètement au hasard, le regard braqué sur le bitume. Ça m'évite de penser à qui-je-sais... Je me vide tellement la tête que je ne vois pas le décor qui s’étend autour de moi et encore moins les minutes défilées. Quand je sors enfin de mes pensées, je suis devants un grand bâtiment gris où je peux lire sur la devanture : «Patinoire Municipale de Burgess ». J’hésite un instant avant de rentrer dans l'établissement. J'arrive dans une grande aréna avec au centre, la fameuse piste de glace. Un cours a même déjà commencé. Plusieurs enfants sont en ligne sur la surface gelée, accolés à la paroi et écoutent attentivement le prof. Ce dernier me tourne le dos et tout ce que je distingue de lui, c'est une silhouette élancée vêtue d'un sweet à capuche marron, d'un pantalon noir ainsi que des patins blancs. Ses cheveux en bataille sont d'un brun chaud… Ça me rappelle quelqu'un…

Oh mon Dieu, c'est Jack ! Vite, je me cache derrière un strapontin ! Pfff c'est bien ma veine, moi qui voulais le faire sortir de ma tête, me voilà sur son lieu de travail, à quelques mètres de lui...
Il fait une petite démonstration et demande à ces élèves de reproduire l'exercice. Certains y arrivent, d'autres pas… Le jeune instructeur aide les quelques petits maladroits à se relever et leur remontrent les mouvements. Ces derniers semblent très attentifs à ses conseils et font de leur mieux. On dirait qu’il sait se faire respecter tout en étant apprécié par ses petits apprentis-patineurs. Je me rappelle qu'il me disait qu'il aimait beaucoup son boulot de prof. Maintenant, j’en ai la preuve concrète. Il a le sourire jusqu'aux oreilles ! C’est beau à voir.

Je reste là, à observer la scène de loin jusqu’à ce que le cours se termine. Lorsque tous les enfants sont partis, je m'apprête à partir à mon tour mais je m'aperçois que Jack reste dans la salle, ses patins encore aux pieds.
Après avoir fait un dernier « au revoir » à l'un de ses petits protégés, il retourne sur la glace et commence à patiner seul… Et ce que je vois me laisse sans voix… Mon Dieu, il patine avec une telle élégance et une telle légèreté que je n'ai plus envie de détacher mes yeux de lui. Il glisse, saute et virevolte avec beaucoup de souplesse ! On dirait qu'il a fait ça toute sa vie ! Même ses ports de bras sont d'une grâce sans pareil… On pourrait croire qu'il vole plus qu'il ne glisse ! Et toujours ce sourire… Il a l'air si heureux. J'ai l'impression de le voir pour la première fois, de découvrir un autre Jack. Il est lui-même et c’est ce qui le rend encore plus beau et… magique.

Je ne sais combien de temps je reste là à le regarder… Je sens mon cœur battre plus vite, j'ai chaud partout, je tremble un peu mais pas à cause du froid… Je me sens à nouveau bizarre comme tout à l’heure… Qu'est ce qui est en train de m'arriver ? Ce n'est que Jack après tout…

Non… Justement, ce n'est pas n'importe qui… Il y a quelque chose de spécial chez ce garçon, il ne ressemble à personne… Il est unique et c'est ça que j'aime chez lui, de plus en plus…

POV Jack

Ah comme c'est bon de pouvoir être enfin seul, patiner comme je veux, je me sens libre, libre ! Mais malheureusement, il se fait tard et je vais devoir y aller… Dommage. Je sors et m'apprête à enlever mes patins quand, en levant les yeux, je crois distinguer une forme mouvante cachée derrière un strapontin. Est-ce que quelqu’un m'espionnerait ?

« Jamie, sors de là ! Je sais que tu es caché derrière les sièges alors montres toi ! » Je lance en rigolant.

Sauf que ce n'est pas Jamie que je vois sortir de sa cachette et descendre le long des gradins…
Hiccup ? Mais qu'est-ce qu'il fait ici ? Et pourquoi s'est-il caché ? Comment est-il arrivé jusqu'ici ? Il me semble ne jamais lui avoir dit ou montré où était la patinoire !

« Salut Jack… » Dit-il doucement une fois à ma hauteur en faisant un petit geste de la main.

« Co… Comment tu es arrivé ici ? »

Il se fige un instant, la bouche entrouverte, comme s’il ne savait pas par où commencer.

« En fait, je me baladais et je suis arrivé là par hasard… Je te jure que c'est vrai ! »
Mouais… Je ne suis pas très convaincu par son excuse. Mais au fond de moi, je suis plus que ravi de le voir. Seul à seul pour une fois.

« Haha ! Ok d’accord, je te crois ! En tout cas, ça me fait plaisir que tu sois là ! »

Il baisse la tête et rougit légèrement. Il est toujours aussi craquant quand il est gêné.

« D’ailleurs ça tombe bien, je crois me souvenir que je t'avais promis quelques leçons, non ?»
J'ajoute en lui faisant un clin d'œil. Mon ami rit nerveusement.

« Ah oui c'est vrai, je m’en rappelle ! »

« Aller, viens avec moi ! On va te trouver des patins. »

« Euh mais t'es sûr qu'on a le droit ? »

« Mais oui t'inquiète ! Y a plus personne à cette heure-ci, de toute façon ! »

« Ok… Si tu le dit… »
Il me suit docilement mais n'a pas l'air très rassuré.

« Euh Jack attend ! » S’exclame tout à coup le jeune viking en me tirant par le bras. « Comment je vais faire pour enfiler des patins avec ma prothèse ? »

Ah zut c’est vrai j’avais oublié cela ! Je me sens un peu embarrassé mais garde un air sérieux et assuré.

« Bah on va se débrouiller ! »
Bien que je n’ai aucune solution à l’esprit pour l’instant.

Dans la réserve, nous commençons par essayer les pointures pour le pied valide. Une fois la bonne taille trouvée, nous tentons de réfléchir pour trouver un compromis acceptable pour le pied invalide. J’observe le bout de métal et sa forme. Sa structure ressemble pas mal à celle d’un pied. La prothèse commence un peu en-dessous du genou et se prolonge le long de la jambe. Ce qui lui servait de tibia a été remplacé par une barre métallique agrémenté d’un petit système d’amortisseur situé vers la « cheville » pour adhérer plus aisément et garder l’équilibre quand il se meut. Pour ce qui est de son « pied », il se constitue d’une longue tige de métal plate et fine comme une plante de pied artificielle, légèrement recourbée au bout.
Une idée me vient alors subitement :

« Et si tu essayais le patin gauche comme pour un vrai pied ? »

Hiccup me regarde stupéfait. Pour bien me faire comprendre, je prends un patin qui me semble être à la taille de sa prothèse. Puis je m’agenouille devant le jeune homme, saisie délicatement sa jambe et viens faire glisser la chaussure le long de la barre de métal. Pendant l’opération, je n’ose pas le regarder, mais je sens un frisson de plaisir me parcourir le corps et mes joues rougir de plus en plus... Cette scène m’évoque un certain conte avec une « pantoufle de verre »…
Après ces quelque secondes qui m’ont semblées beaucoup trop courte, je constate que le « pied » de Hiccup semble plutôt bien adapté à sa nouvelle chaussure. J’aide mon ami à se mettre debout puis il fait quelques pas avec. Il boite un peu mais il arrive à tenir se debout sans tomber. Nous nous regardons, ravis mais encore un peu gêné par ce rapprochement inattendu.

J'emmène enfin mon ami sur la patinoire, lui tenant la main pour l’aider à se stabiliser. C'est fou ce qu'elle tremble…

« Tu en a déjà fait ? »

« Euh… Un peu avant l’accident oui. Mais j’ai jamais pu en refaire depuis…»

« Ok » Sans me démonter, je me place devant lui, le prend par les deux mains et commence à patiner à reculons en le regardant droit dans les yeux
« Tiens-toi bien à moi et fait comme moi. Un pas après l'autre… Voilà comme ça, c'est bien… »

Il titube un peu et manque de tomber plusieurs fois, mais il se débrouille pas trop mal ! Pour un type avec un pied en moins, je n’ai jamais vu ça ! Au bout de quelques minutes d'exercice, je le sens de plus en plus à l'aise. Il s’est redressé un peu et il lance ses jambes sur la glace au même rythme que les miennes. Il apprend aussi vite que Jamie ! Il reste tout de même fortement accroché à moi comme une moule à son rocher, ce qui n'est pas pour me déplaire. Mais j'ai l'impression que je l'intimide car quand je le regarde dans les yeux, il les baisse aussitôt comme s'il avait honte. Et ce depuis que la séance d’essayage. Je pense qu'il est gêné de m'avoir montré sa prothèse. Je ne peux pas lui en vouloir, ça ne doit pas être toujours facile d'assumer son handicap et je voudrais tant lui faire comprendre qu’il n’a pas à en avoir honte…

Je commence à accélérer l'allure pour voir s'il arrive à suivre… Eh, il tient bien la distance, le gaillard ! Je lâche alors une de ses mains pour patiner à côté de lui ! Surpris dans un premier temps, il vacille un peu mais il réussit à rester debout. Il regarde droit devants lui, l’air ahurie comme s’il ne croyait pas à ce qu’il voyait. Puis un sourire apparait et vient illuminer ce doux visage. La gêne semble avoir totalement disparue. Il tourne alors la tête vers moi, fixant mon regard ! Il pousse un grand cri victorieux et commence à rire de bonheur ! Ses yeux pétillent, ses cheveux flotte au vent, il rit à gorge déployée… Il est tellement mignon ! Je l'ai rarement vu si heureux. Il est encore plus beau que d'habitude...

Tout à coup, Hiccup accélère brutalement. Il me dépasse, me tenant à bout de bras mais ne lâche pas ma main pour autant. Au contraire, il la serre plus encore !
Mais qu'est-ce qu'il fait ? Il se retourne et se retrouve devants moi, patinant ainsi à reculons… Je n’en reviens pas !...

« Hiccup mais… Comment…?! »

« Je… Je ne sais pas du tout ce que je fais moi non plus… » On dirait bien parce qu'il a l'air aussi surpris que moi, « Mais c’est trop génial ! »
Nous éclatons de rire à nouveau !

« Hiccup c'est incroyable ! C'est énorme ce que tu viens de faire ! Je n’aurais jamais cru que tu arriverais à faire ça du premier coup ! »

« Moi non plus ! Mais je crois que c'est parce que j'ai un excellent prof… »

Il me sourit tendrement et plante son regard dans le mien… Je suis comme hypnotisé par ces deux belles émeraudes brillants… J'oublie complètement où je suis, qui je suis… Je ne vois que le vert de ses yeux. Ils sont devenus mon horizon… J'entends mon cœur battre jusque dans mes oreilles, je me sens défaillir… Oh mon Dieu, il est à croquer…

Mais soudain, Hiccup perd l'équilibre, bascule vers l‘arrière et tombe lourdement sur la glace, moi avec ! Je m'étale de tout mon long… Sur lui ! Passer le premier choc, nous partons dans un énième fou rire comme rarement nous en avions eu, presque jusqu’à l'asphyxie ! Nous ne nous attendions pas à une telle chute ! Je me redresse un peu pour reprendre ma respiration… Mais mon visage n'est qu'à quelques centimètres du sien... Nos rires s'estompent, laissant place à un long silence. Je suis toujours penché au-dessus de mon ami, il est presque à ma merci. Je sens mon cœur s'emballer. Je le regarde intensément, essayant de sonder son âme. Pense-t-il à la même chose que moi ? Il est si proche que je peux voir chaque détail de sa peau, jusqu'à pouvoir compter les nombreuses taches de rousseur qui recouvrent son visage angélique. Ses pupilles sont dilatées, son souffle est court, il se mélange au mien. Ses lèvres entrouvertes d'où s'échappe un petit nuage de vapeur ont l'air si appétissantes... Oh si seulement je pouvais, si j’osais…

Hiccup toussote bruyamment, me ramenant brusquement à la réalité… Oh merde, mais qu'est-ce que je m'apprêtais à faire ? Je me redresse le plus vite possible et aide mon ami à se relever. Une fois sur pied, nous nous regardons à nouveau… Puis nous baissons immédiatement les yeux, incapables de soutenir le regard de l’autre et encore moins d’esquisser le moindre sourire. De nouveau, un grand silence empreint de malaise se fait autour de nous… Mon Dieu, comme je me sens mal… Je contemple mes patins pour cacher ma gêne, attendant une quelconque réaction de la part du jeune viking…
Il finit par dire d'une voix mal assurée :

« On devrait rentrer… Tu ne crois pas ? »

« Euh… Oui, tu as raison… Tu veux que je te raccompagne ? » Je regrette aussitôt d'avoir dit cette phrase. Hiccup semble lui-même hésiter puis lève timidement les yeux vers moi.

« Ce serait gentil... Enfin si ça ne te dérange pas… »

« Pas du tout ! » Répliquai-je, un peu trop vite à mon goût.

Après nous être déchaussés, nous nous dirigeons vers ma voiture. Sur le trajet, aucun de nous ne parle… C'est terriblement embarrassant… Je ne veux pas que ce petit incident créé un froid entre nous.
Une fois devant chez lui, avant qu'il n'ouvre la portière, je pose ma main sur son épaule et lui dit doucement :

« Ecoute, je suis désolé pour tout à l'heure… Tu veux bien qu'on oublie ce qui s'est passé ? »

Il me sourit tristement.

« Oui bien sûr, pas de problème… »

Il ment, je lis dans ses yeux qu'il n'oubliera pas. Moi non plus d'ailleurs. Mais pas dans le mauvais sens du terme. C’était certes, étrange et déroutant mais si beau... Que vais-je faire s'il ne veut plus jamais me revoir après cela ? Je crois que j'en mourrais. Je me sens vide sans lui…
Je repense à son visage si radieux, ses cheveux flottant dans le vent, l'écho de son rire dans l’immense salle, la douceur de sa main dans la mienne, c'était un moment unique. Je me sentais heureux. Je me sentais…. Amoureux ?